Jean Cras (1879-1932)
Quintette pour flûte traversière, harpe, violon, alto et violoncelle (1928)
Assez animé – Animé – Lent - Très animé
Cet officier de marine brillant se distingua particulièrement lors de la première guerre mondiale fut aussi l’inventeur d’un outil de navigation servant encore de nos jours, la règle Cras. A ses heures de loisir, il composait en mer sur un piano adapté au manque de place dans sa cabine. Autodidacte pianiste et compositeur, ami, puis disciple de Henri Duparc, son catalogue témoigne d’une prédilection pour la musique de chambre. Son style doit à l’impressionnisme de Claude Debussy, à l’orientalisme à la mode, aux musiques exotiques entendues lors de ses voyages et aux sons celtiques de sa Bretagne natale. Composé sur le cuirassé Provence, le quintette est écrit à la demande du harpiste Pierre Jamet. Celui-ci avait fondé un ensemble pour exploiter les nouvelles possibilités offertes à la harpe par les recherches de la maison Pleyel. Dans la lignée de Fauré, Debussy et de Ravel, Cras nous séduit par des sons envoutants et la subtilité de ses couleurs.
Carl Philipp Stamitz (1745-1801)
Concerto en Ré op. 1 (avant 1774)
Arrangement pour alto et orchestre à cordes
Allegro non troppo - Andante moderato - Rondo, Allegretto
Violoniste virtuose, Carl Stamitz est considéré comme un des premiers compositeurs classiques, faisant partie de ce que l’on appelle l’école de Mannheim. Après ses débuts dans la chapelle de la cour de cette ville, sa carrière de violoniste le mène dans tous les grands centres musicaux de l’époque. Il fut un temps maître de chapelle du duc de Noailles. Altiste : Stamitz a laissé deux concertos pour cet instrument. La partie du soliste de son opus 1 déploie une virtuosité jamais entendue jusque‑là. L’élégance et l’équilibre du discours en font une œuvre classique par excellence.
Ekaterina Walter-Kühne (1870-1931)
Fantaisie sur un thème de l'opéra Eugène Onéguine pour harpe
On sait peu de choses sur cette harpiste et compositrice née à Saint Pétersbourg et morte à Rostock en Allemagne. Fille d’un contrebassiste qui faisait partie de l’orchestre impérial de sa ville natale, elle a étudié le piano avec Anton Rubinstein avant de se concentrer sur son instrument de prédilection, la harpe. Dans sa Fantaisie, la compositrice exploite les possibilités virtuoses de l’instrument dans de multiples variations sur le thème de Piotr Ilitch Tchaïkovski en restant fidèle à l’ambiance charmeuse proposée par son compatriote.
Johannes Brahms (1833-1897)
Quatuor à cordes en la, op. 51, 2 (1873)
Allegro non troppo - Andante moderato - Quasi Minuetto, moderato – Finale, allegro non assai
Le compositeur a dédié l’opus 51 à un de ses amis les plus fidèles, Théodore Billroth, Une grande partie de l’œuvre de musique de chambre de Brahms a été entendue pour la première fois dans la vaste maison de ce chirurgien. Comme souvent dans la création de Brahms, le motif mélodique principal du 1er mouvement nous donne des indications sur ses intentions. Les notes a – f – a – e (la – fa – la – mi) renvoient à « frei aber froh » (« libre mais heureux », a – f – a étant le renversement de f – a – f) et « frei aber einsam » (« libre mais seul »), deux devises chères aux maître que l’on retrouve dans d’autres œuvres. Avec ses allusions hongroises et une richesse inouïe de motifs et de formes, cette œuvre marque le début de la grande maturité de la création brahmsienne. Contrairement à ce que l’on pourrait attendre au regard de la tonalité mineure, il s’agit là d’une œuvre qui évolue de la mélancolie passagère du début vers une luminosité enjouée, même si le dernier mouvement se termine sur la citation du motif initial : f – a - e.